Attachement

Attachement.

Attachement, encore et encore, comme une incantation une obsession…

Il est étrange, oui, profondément étrange, que cette expérience de vie , dès le tout premier souffle , nous lie si intimement, si viscéralement, à des figures de protection,

à des bras, à des voix,

à la chaleur d’un sein, à la lumière d’un regard.

Dès la naissance, une fusion s’opère.

On se coule dans la matière.

On s’abandonne à la dépendance , aux mains qui nourrissent,

aux yeux qui valident, aux gestes qui rassurent.

Et cette mécanique, douce et impérieuse, tisse des liens,

aux objets, aux choses,

à notre image dans le miroir,

à nos amours,

à ce que nous appelons notre monde.

Et pourtant.

L’essence même de la vie, ce souffle mystérieux,

n’est que détachement perpétuel.

Perte, effacement, dissolution, mort…

Tout s’efface. Tout se perd Tout glisse. Tout s’en va.

Cela semble cruel.

Tellement cruel.

Ce mouvement absurde et sacré de tout perdre ,

juste après avoir aimé et pire encore pendant l

L’apogée d’un amour objectivé de chair et d’os…

Ce mouvement permanent semble toujours nous pousser insidieusement à de devoir quitter

ceux et ce qui nous lient corps et âme,

ces êtres que l’on chérit,

ces manies douces qui nous apaisent,

ces rituels d’amour minuscules qui font tenir le monde debout.

Ces lieux si réconfortant…

Alors je cherche.

Je fouille. Je creuse.

Et puis… je m’arrête.

Net.

Silencieuse.

Les yeux trempés le cœur avide de Vérité vrai , d’amour et de paix durable sans cause ni forme …

Je plonge.

Totalement.

Absolument.

Dans un espace où ni l’attachement ni le détachement n’ont plus de sens.

Un lieu nu, vaste, infini,

où l’Amour,

l’amour pur,

immaculé,

n’a plus besoin de s’agripper, ni de fuir.

Et je serais tentée d’y rester.

De m’y dissoudre, entre l’espace et le temps.

De disparaître doucement dans cet amour qui ne demande rien,

qui ne prend rien,

qui simplement est.

Mais alors,

une voix.

Un murmure.

Mes enfants.

Ce que j’appelle ma vie.

Mon incarnation.

Mon essence humaine.

Ils m’appellent.

Ils m’invitent à revenir ,

non pas tout à fait,

mais juste assez.

Juste assez pour entrouvrir ce lieu.

Y semer quelques cailloux blancs,

discrets, vibrants, sur le chemin.

Pour ceux qui viendront.

Pour moi-même, aussi,

quand j’oublierai.

Et je comprends.

Oui.

Je comprends, je sent que je peux plonger sans me noyer,

m’attacher sans me lier,

me détacher sans renier.

Être entièrement impliquée, et parfaitement libre.

Une fois pour toutes.

Dans un amour total, sans l’ombre d’une contradiction.

Ely

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